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L'Heureux Tour

2006-09-27


Après deux ans d'errances, deux ans d'absence
Me voilà à nouveau sur les planches en quête de sens
J'avais cessé de clamer haut et fort
Arrêté de faire l'effort
Je ne croyais plus en ce que j'avais gouté
Je ne savais plus si ce que je préférais
C'était parler ou écouter
Alors j'erraisâ?¦

J'avais terminé sur cette conclusion :
Que si le slameur écrit sur la page, c'est dans la marge qu'il vit
Que chaque orateur de cet aréopage sévit en belle collusion
Que nous ne sommes pas des jarres à belles formules
Mais des porte-jarretelles posés sur les pattes d'une mule.

Alors pourquoi je reviens ?
Je n'en reviens pas.
Pourquoi ? Pourquoi pas !

Je reviens parce que j'aime les bègues qui disent mais mais
Ceux qui butent,
Ceux pour qui les mots sont des putes qu'on ne paie jamais â?¦ mais mais

Je reviens parce que j'aime ma douce,
Quand bien même elle me condamne en baissant le pouce.
Je reviens car je n'ai pas le choix :
Parce que là c'est mon tour.
Le rôle m'échoit,
J'en découvre les contours.

Je braille parce que je suis aveugle (â?¦)
Je meugle !
Je vous raconte ce qui est sur ma page,
Avant de rejoindre ma marge.
Je meugle comme un veau, je suis un homme nouveau
Libéré des vapeurs délétères
De la fumée, de l'éther
Libéré de l'alcool, libéré de la colle
La rustine ? Elle est sur mon cœur transpercé.
Alors venez dans mon école, laissez vous bercer
Il n'y a plus de péril dans mes mots
Plus de souffre chez Jérônimot
Mais encore assez de souffle pour clamer :
Je ne suis pas amer, je ne veux pas à boire
Je ne viens pas pour un verre, je viens juste pour voir
Pas même pour me détendre
Ca y est j'en suis sûr : Je viens pour vous entendre
Ca y est : je suis calmé
Cela ne me ressemble guère
Pourtant j'enterre la hache de guerre
L'amour m'a désarmé
Je n'ai plus cuni je n'ai plus cuni
Plus qu'une idée en tête
Rejouer avec ma langue sur papier sans entête
Renouer avec l'offrande de mots sans maux de tête

Quand j'aperçois ma belle et son long cou gracile
Ahuri par la grâce de ses battements de cils
Je me fais docile et rêve de ce si beau dos
Qu'elle me préserve des jeux de mots faciles
Je les réserve aux pamphlets imbéciles
En attendant godot je vous le dis comme en cent comme en mille
Je reviens, puis je repars pour faire dodo à mon domicile.